C’est peu dire que la pollution par le plastique a pris en Tunisie des proportions inédites. Elle a accédé carrément au rang de catastrophe nationale. Nous avons, dans notre dernière livraison, parlé du rayon «sacs et sachets» de cette épidémie et avons vu comment depuis des années déjà les autorités chargées de la santé et de la protection de l’environnement n’ont pas su endiguer ce phénomène mais, délibérément ou non, en ont favorisé l’extension et ont même masqué des manœuvres profitables au lobby du plastique. Rappelons encore à ce propos la décision prise fin des années 90 du siècle passé instaurant l’usage unique de l’emballage en verre dans un certain nombre d’industries, en particulier celle des boissons alcoolisées. Du jour au lendemain, des millions de bouteilles n’étaient plus réutilisables après un usage unique ! Elles partent à la casse sans la moindre possibilité de recyclage au profit de bouteilles, pots et bocaux en PVC dont les scientifiques viennent de démontrer la haute toxicité via des nanoparticules secrétées dans le contenu par l’emballage en plastique. Vous avez dit lobbies ?
La semaine dernière, nous disions que des solutions existaient. Concernant les bouteilles en plastique, le rechange est là, littéralement à portée de nos mains. Au demeurant, une directive du ministère du Tourisme datant des années 90 enjoignait aux établissements touristiques de ne pas présenter à table des bouteilles d’eau en verre et non en plastique, jugées peu élégantes. Il suffirait de généraliser cette disposition et le tour sera joué. On sera gagnant sur tous les plans : devises de l’importation de la matière première, emploi d’une main-d’œuvre plus nombreuse, sauvegarde de l’environnement, santé, etc.
On le mettait dans sa poche et on le sortait pour y fourrer toute la marchandise
Volet sacs, sachets et autres emballages pour produits de consommation quotidienne, on pense évidemment à l’emblématique couffin. On le voit revenir dans nos marchés dans des versions égayées par diverses décorations qui, outre sa fonction utilitaire, lui confèrent une coquetterie attrayante. Et c’est tant mieux pour un artisanat au bord de l’extinction et qui peut renaître ainsi de ses cendres. Mais, rappellera-t-on à bon escient, cet article est aussi par moments peu pratique, en particulier pour les courses avant ou après le travail. Or cette problématique ne date pas de nos jours. Dans les années 50 et 60, avant le raz-de-marée plastique, la fonction publique se généralisant et les courses s’effectuant à la sortie du bureau, la question de l’encombrement du couffin s’était déjà posée. Et réponse lui fut trouvée sous forme de «filet». Les séniors se souviennent certainement de cet accessoire inspiré du filet des pêcheurs et qui était muni d’une poignée en bois. On le mettait dans sa poche et on le sortait pour y fourrer toute la marchandise : légumes, fruits, viandes et autres.
Quelles dispositions légales et quels entrepreneurs remettront-ils le «filet» à l’ordre du jour ?